le Carnet de route d'un peintre égaré dans la splendeur du temps. Un manuscrit daté de 1990. En première partie du blog Peindre à l'écart un entretien réalisé en 2003 de JS avec Gordon GRAY.Les poèmes réalisés à Shanghai et ceux du retour sur Paris -le tas d'esprit-2006-

Friday, January 20, 2006

P 54-55
cherche avec la pensée, et elle croit que seul le mental discursif permet d’accéder à la connaissance, la science cherche à construire dans l‘ordre matériel, mais cette connaissance est insuffisante l‘homme est insatisfait de ces avancées, il réclame plus et il a raison, l‘homme recherche la satisfaction, le bonheur et la plénitude. La plénitude n‘est accessible qu‘à condition de céder sur le plan de l‘ego. La science qui est aveugle ne permet pas de comprendre le fonctionnement de l’ego, le jour ou elle le comprendra , l’espèce humaine aura fait un grand pas.
E.P:Est il possible de retrouver l’état d’innocence, est ce que ce n’est pas une pure vision de l’esprit une simple illusion?
J.S: D’après moi, l’homme peut changer son destin, il suffit qu’il s’y attele.
E.P: Quelle est a part du peintre dans tout ça?
J.S:C’est la part maigre, elle n‘est peut être pas assez explicite dans les œuvres que j’ai mis à jour, car ces œuvres sont surtout des vestiges de mes propres obsessions. Ces œuvres peuvent ouvrir des portes sur des sensations que j’ai éprouvé , et sur des plans de conscience que j’ai traversé incidemment souvent et presque mon insu. Les œuvres d’art transmettent de l’énergie, elles peuvent ouvrir des portes, cela même après la mort de celui qui les a fait naître.
E.P: En fait la lecture des œuvres recèle des choses invisible pour le regardeur, de même
Le regardeur peut trouver dans les œuvres des choses invisibles pour celui qui les a crée.
Tu aurais pu te contenter de montrer tes œuvres sans chercher à qualifier ta démarche; j’ai l’impression parfois que la quête immobile, aurait pu simplement être celle de l’art, car l’art contient aussi une vérité lorsqu’on tente de remonter à sa source à son origine première?

J.S:La vérité de l’art est la même que celle de Dieu lorsqu’on est croyant, lorsqu’on ne l’est pas la vérité de l’art peut remplacer celle de Dieu. Pour ma part je crois que la vérité de l’art conduit à celle de Dieu, mais chacun interprète cette vérité différemment en fonction de ses préjugés ou de la perceptions positive ou négative qu’il a de Dieu. L’image négative que j’ai reçu de Dieu à certaine période, ma amenée à rechercher d’autres vérités au sein de l’univers. La quête des origines, est virtuellement une quête de Dieu, mais dans la quête la recherche de pureté originelle celle d’innocence d’éblouissement remplace celle de Dieu. De même mon attirance pour la pensée chinoise et lié à la quête spirituelle d’une perfection dans la recherche de la peinture; cette perfection que Shitao décrit comme la règle parfaite, c’est celle qui même au Tao, mais le Tao c’est quoi ? C’est simplement une autre figure de Dieu aperçue a travers le prisme de la pensée chinoise.
E.P:Ainsi pour toi toute quête de vérité mène quelque part à Dieu.
J.S: Ca m’ennuie de formuler ça comme ça , mais c’est probable.
E.V:Cela réduit quand même considérablement le champs d’exploration de l’art moderne non?
J.S:La diversité du champs d’exploration de l’art moderne , n’est pas en cause; ce qui est en cause ici c’est ma façon de voir le monde. C’est uniquement cette manière qui conditionne ma réflexion. Les gens sont libre d’explorer les espaces qu’ils désirent.
Sur un autre plan, je dirais que la figure de Dieu est une figure qui a besoin d’être réévaluée car cette figure pose problème. Elle est remplie de connotations négatives du fait qu’elle a dût subir l’emprise négative des religions, qui se sont disputées son image.
Dans la quête, je ne parle pas de Dieu, mais d’un principe originel qui sous tend toute vie.
E.P:La quête des origines est une quête mystique ?
J.S:Probablement , . J’ai placé à l’entrée du fascicule la citation de Paulhan - L’art moderne ressemble à une tentative de sainteté - pour faire écho à la recherche intérieure que j’ai mené , mais je ne me suis jamais considéré comme un Saint , j’ai recherché une chose aussi naturelle que le sens de la vie. C’est la recherche du sens de la vie qui ma renvoyé vers l’absolu. Dans la conquête de l’absolu j’ai échoué, sans doute que c’est parce que j’ai toujours eu recours à des artifices pour tenter de l‘atteindre. L’art est un artifice. Celui qui veut accéder à l’absolu n’a pas besoin de faire de l’art pour y arriver, l‘absolu est un état d‘être intemporel, c‘est l‘état d‘origine dont parle Maharshi ce sage qui a atteint cette perfection en lui même.
J’ai lu Maharshi bien plus tard, si je l’avais lu pendant la quête , j’aurais peut être été moins handicapé pour répondre à certaines questions cruciales , car lui formules les problèmes d’une façon si claire que lorsqu’on me lit en comparaison, on a l’impression d’avoir affaire à un infirme .Mais Maharshi était un être réalisé , moi non.
E.P:L’art pour certains c’est aussi l’absolu.
J.S: L’art ne pourra jamais combler le désir d’absolu, l’absolu est illimité, l’art lui n’est fait que de limites.

Entretiens réalisé en JUIN 2005.





Ernesto Portal est agrégé de lettres et professeur à l’Université de Lisbonne.







Dernier contrôle du manuscrit effectué le vendredi 20 janvier

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